Les Jeunes Marchands chez Sotheby’s 2018

Sincères folies.

Hans Bellmer, Pierre Combet-Descombes, Marc Lamy, Michel Macreau, Henri Michaux, Werner Scholz.

Dans le cadre de Les Jeunes Marchands chez Sotheby’s au 76, Rue du Faubourg Saint Honoré à Paris, du 17 au 20 décembre 2018, nous sommes ravis de vous présenter une sélection d’œuvres d’art moderne, contemporain et brut, dont la force créatrice réside souvent dans l’expression d’une certaine folie.

            Si définir la folie dans l’art s’avère être un défi d’envergure, c’est qu’elle réside essentiellement dans ce qu’elle a d’insaisissable. Cette passionnante notion semble avoir focalisée toute l’attention, lors de la théorisation de l’art brut. Il est évident que la maladie psychiatrique, la marginalité sociale ou l’acculture sont tant d’éléments sources de folie. Or, il semble qu’en parallèle de cette notion de brut, ou d’outsider, il existe une puissance créatrice chez certains artistes modernes ou contemporains, dont les obsessions et tourments sont les principaux catalyseurs. A la grande différence des artistes bruts, les artistes modernes et contemporains ont pleine conscience des enjeux plastiques de leurs œuvres. Pouvons nous donc parler de folie ? Peu importe ! Si la notion semble un tantinet verrouillée dans les définitions d’Hans Prinzhorm ou Jean Dubuffet, nous tachons aujourd’hui de présenter des artistes dont l’extraordinaire univers esthétique existe principalement par ces troubles, ces obsessions et ces quêtes, dont indépendamment des cultures artistiques de chacun, l’expression est la création pure.

            De l’expressionnisme allemand à l’art brut, en passant par le surréalisme, sans évidemment délaisser les inclassables, nous tâchons de valoriser la sincérité de création, ce puissant besoin d’exprimer une vision esthétique singulière, voir marginale.

Pierre Combet-Descombes (1885-1966) Authentique passionné du corps féminin, du nu et de la volupté des formes, dont les représentations sombres sont le témoignage d’une puissante obsession. Génie du monotype, il conserve l’ensemble de sa création dans un atelier, où l’accès est refusé à tout individu, secret et mystérieux laboratoire du désir charnel qui s’enflammera par deux fois, y laissant sa vie la deuxième dans le brasier du plaisir inassouvi.

Werner Scholz (1898-1982) Dernier survivant des expressionnistes allemands et considéré comme « dégénéré » par les nazis, ses œuvres sont retirés des musées et son combat durant la Première Guerre, alors âgé de 18 ans, lui valle la perte de son avant bras. Profondément traumatisé par cette époque d’extrême violence, l’artiste contemporain de Max Beckmann, Otto Dix et Georg Grosz, sublime les êtres isolés, abandonnés dans ce monde brutal. Artiste trop rarement présenté en France, dont le travail constitue le témoignage d’une période trouble, où seule la représentation d’un monde sans âme semblait primer.

Henri Michaux (1899-1984) Poète et dessinateur dont les expérimentations explorent les mondes les plus impénétrables. Sensible et sensorielle l’œuvre de Michaux représente avec la plus grande frénésie, les parties les plus insaisissables de notre esprit, de terres lointaines ou imaginaires, à la recherche de la « phrase intérieure » plongée dans l’ « espace du dedans », profonde expression d’un dépassement de soi.

Hans Bellmer (1902-1975) décortique « l’anatomie de l’inconscient physique ». Les photographies de la Poupée et les représentations de corps tiraillés entre plaisir et souffrance magnifient le désir trouble. L’œuvre d’Hans Bellmer explore le fantasme d’un puissant fétichisme charnel comme représentation d’une passion vertigineuse. Univers ambiguë jusque dans les dessins les plus naturalistes.  

Michel Macréau (1935-1995) Hors norme et radical, Michel Macréau a 25 ans d’avance. En rupture sur la création de son temps, il fugue pour créer, s’éloigne pour exprimer la plus profonde forme d’expression libre. Qu’importe le support ou le format, le geste est sauvage. L’artiste peint, « c’est un acte vital » ! Dans la plus grande frénésie l’univers des corps, figures et symboles jaillit comme le besoin ultime de vider l’esprit nébuleux d’un artiste en quête de vie.

Marc Lamy (né en 1939) considéré comme brut, dont la pratique du dessin s’est émancipée après un séjour au Centre Hospitalier Le Vinatier. Insomnies et hallucinations lui font entendre des voix surnaturelles qui le guident vers des dessins hypnotiques, où le stylo vacille des heures durant, laissant apparaître des formes et figures automatiques et poétiques. Des œuvres de l’artiste sont conservées au LaM de Lille et dans la Collection de l’Art Brut à Lausanne.

            Ainsi, rencontrons nous au plus vite, afin de redécouvrir ensemble ces passionnants artistes.

Thibault Hölscher