Gilbert PASTOR (1932-2015)

Nature morte
Huile sur toile, signée en bas à gauche
H. 38 cm – L. 78 cm

Les natures mortes de Pastor ne transmettent pas d’histoires. Une bouteille, des bois ronds ou ovales chargés de lumière et posés sur une table recouverte d’un drap aux plis sculpturaux qui a tout d’un reposoir créent un espace d’immobile recueillement. Réalisées seulement à partir de la fin des années 1980 – ces œuvres s’apparentent curieusement aux premiers travaux de l’artiste. Sans doute sont-elles nées de la rencontre de l’œuvre de Morandi, découverte au musée Cantini à Marseille. Les objets isolés et hiératiques que l’artiste représente, scandés et séparés les uns des autres, ont chacun une présence en soi. Dans un espace déserté, sur fond dénudé, les scénographies de Pastor, délivrées de tout élément parasite, ne laissent échapper aucun bruit. Alignés et traités selon une architecture rigoureuse qui leur donne une allure monumentale, ces objets de l’univers quotidien semblent étrangement lointains. Dans l’invitation à la peinture que propose l’artiste, le regardeur se trouve confronté à la chose dans son opacité, présence matérielle et concrète, et tout à la fois objet de contemplation.

Texte d’Anne Bernou